Resplendissant depuis qu'il est à Chelsea et malgré son âge toujours plus avancé, Thiago Silva vit une fin de carrière rêvée à 37 ans, lui qui se voyait bien terminer au PSG. Depuis, il a enfin remporté la Ligue des Champions, pendant que le club français cherche toujours ce trophée. Pour cela, il comptait sur l'expérience et la rage de vaincre d'un Sergio Ramos, dont le corps ne répond déjà plus. Et si Leonardo avait fait une erreur en laissant partir son capitaine historique pour une vieille gloire fatiguée ?
Il a 37 ans, mais semble pourtant rajeunir saison après saison. Ce Benjamin Button là, c'est Thiago Silva. Le défenseur central de Chelsea a encore été énorme face à Lille en 8e de finale aller de la Ligue des Champions (victoire 2-0). Lecture de balle, anticipation, relance, calme, 12 ballons récupérés durant la partie (record personnel battu en C1) il donne l'impression de ne jamais avoir été aussi fort. Si l'UEFA a nommé N'Golo Kanté comme homme du match, notre rédaction a préféré attribuer cet honneur au Brésilien (les deux joueurs ont récolté la même note, un 7/10). Plus d'un an et demi après avoir posé ses valises en Angleterre, Thiago Silva a conquis son club et est humainement conquis par cet univers qu'il a découvert sur le tard. De là à donner des regrets au PSG ?
«Je vis un rêve, je ne m’attendais pas que ce soit aussi bon, reconnaissait le défenseur mardi soir au micro de TNT Sports après la victoire en C1. Les chants des supporters me rendent fier, cela ne montre pas seulement ce que j’ai fait, mais ce que je continue à faire, ça augmente aussi le niveau de responsabilité. Je vis l’un des plus beaux rêves de ma vie. Je remercie encore Lampard et Marina (Granovskaia, la directrice générale du club), qui ont eu confiance en moi.» La rencontre face aux Dogues n'est finalement qu'un miroir grossissant ce que vit le joueur depuis sa venue chez les Blues. Pas conservé par le PSG, il s'est rapidement installé dans une défense en manque de confiance et de stabilité pour ne plus jamais en sortir. Le destin a fait le reste.
Thiago Silva : «Je vis un rêve»
Sous Lampard, la sauce a pris, mais les résultats ont été trop irréguliers pour un club d'un tel calibre. Aussitôt après avoir été viré du PSG, Thomas Tuchel a rejoint son ancien capitaine à Londres pour devenir champion d'Europe ensemble en fin de saison. Un vrai rêve éveillé et assez inattendu, il faut bien le dire. En août 2020, soit neuf mois plus tôt, les deux hommes pleuraient déjà dans les bras de l'un et de l'autre après une finale perdue face au Bayern Munich (1-0). Ils devaient sans doute se dire, le Brésilien surtout dont la carrière est au crépuscule, qu'ils avaient laissé passer une chance unique de remporter la plus prestigieuse des compétitions. L'avenir à court terme leur a donné tort, savourant au passage le délicieux petit goût de revanche sur un PSG qui ne voulait plus d'eux.
«Les circonstances sont différentes parce que c’est un nouveau club et il y a des règles et une atmosphère différente. Tous les clubs ont une atmosphère spéciale. C’était une atmosphère spéciale à Paris et c’est pareil à Chelsea. Au club de Chelsea, il y a aussi cette mentalité qui veut gagner, qui veut être fort. Thiago a été très courageux de prendre la décision de jouer en Premier League à son âge, de changer complètement sa vie avec son statut à Paris. Il a été formidable depuis son arrivée. C’est un grand plaisir d’être son coach car c’est un exemple tous les jours. Il est très humble, il est exceptionnel. Il a eu le courage de changer sa vie sur sa fin de carrière et c’est très impressionnant», expliquait Tuchel en conférence de presse avant le match de Lille.
Tuchel : «Thiago a eu le courage de changer sa vie sur sa fin de carrière»
C'est tout le paradoxe de cette histoire. Alors qu'il a couru après durant de nombreuses années avec le PSG, il n'aura fallu qu'une seule saison à Thiago Silva, âgé de 37 ans, pour enfin soulever la prestigieuse Ligue des Champions avec le maillot Chelsea. Pourtant, chaque saison en France, il annonçait la couleur, faisant de la C1 l'objectif majeur du club. Symbole de la victoire surprise des Blues, le Brésilien est tout aussi représentatif des échecs répétés du Paris Saint-Germain de cette dernière décennie. Systématiquement recalé en quart de finale, quand le club parisien ne sombrait pas dans sa propre peur dès les 8es comme face au FC Barcelone en 2017 ou deux ans plus tard contre Manchester United, le porteur du brassard a largement contribué à cette faillite collective.
On se souviendra encore longtemps, un jour de remontada au Camp Nou, de ses directives à l'adresse de ses coéquipiers à vouloir défendre dans la surface dès les premières minutes de jeu, alors qu'Unai Emery implorait de remonter le bloc d'un cran. Il y a eu cette sortie peu appréciée au sortir de la désillusion au Parc contre Manchester United en 2019. «Le seul mot pour les supporters ? Excuse.» Evidemment, il n'a pas été le seul responsable de ces débâcles, mais il était le capitaine d'une équipe qui avait peur. Qui d'autre doit tenir la barre d'un navire en détresse ? Après 8 ans, 315 matches toutes compétitions confondues et 17 buts inscrits sous la tunique rouge et bleu, dont certains particulièrement importants (Chelsea 2014 par exemple), celui qui venait d'être naturalisé français n'a pas été conservé par Leonardo.
Un contraste saisissant avec Sergio Ramos
Frappé par la pandémie et la crise économique qui en découle, le PSG a préféré ne pas s'aligner sur les exigences d'un capitaine qui demandait deux ans de contrat au même salaire, environ 12 M€ par saison. Il fallait faire un choix. Le club français a tranché en faveur du duo Marquinhos-Presnel Kimpembe, deux personnalités très appréciées à l'intérieur du club et par ses supporters. Paris ne regrette sûrement pas son choix. Et puis on ne vit pas dans le passé. Depuis des joueurs comme Lionel Messi ou encore Sergio Ramos sont arrivés. À justement, parlons-en de Ramos. L'erreur de cette histoire est sans doute là. Un an s'est passé entre le départ du Brésilien et la venue de l'Espagnol de 35 ans. À l'inverse de son homologue de Chelsea, lui a obtenu un contrat de deux ans malgré un dossier médical particulièrement chargé.
Il avait déjà très peu joué la saison passée, mais c'est encore pire en France. Il n'a disputé que 5 morceaux de matches (1 but et un carton rouge). Déjà absent à l'aller contre le Real Madrid, il sera probablement de nouveau forfait au retour dans son jardin du Santiago-Bernabéu. Un mollet récalcitrant empêche toute continuité, pendant que Chelsea a déjà prolongé une fois le fringant Thiago Silva. Le Brésilien aussi voit son contrat se terminer en 2023. Il avait d'ailleurs émis quelques critiques quand il a vu l'Andalou à Paris. «Je n'ai rien contre Sergio Ramos, mais Sergio, au moment où on lui a proposé un contrat de deux ans, il avait le même âge que moi l'année dernière (35 ans). Donc, ça m'a vraiment rendu triste. Je n'en ai encore parlé à personne, mais cela m'a rendu vraiment triste parce que j'avais l'impression de n'avoir rien fait pour le club.» Comme quoi cette histoire laisse des remords... dans les deux camps.
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